JACK DUPON – Empty full circulation
/ paru le 22-04-2016 /
Alertez la Croix-Rouge, Jack Dupon est de retour! Nous avions laissé les Auvergnats fous au moment de leur dernier opus « Tête de chien« , paru en 2014. Ils reviennent avec un nouvel épisode de leur vision musicale du monde, faite de folie douce, de rock progressif halluciné et d’humour aigre-doux. Cette fois, nous sommes quelque part en Auvergne avec cet « Empty full circulation » qui semble évoquer une histoire autour du château de Randan, une demeure en ruines située à une dizaine de kilomètres de Vichy. Si je peux me permettre une considération personnelle, le nom de Randan évoque toujours le souvenir de mon grand-père, qui y avait trouvé refuge pendant la guerre, après avoir faussé compagnie aux Allemands qui avaient voulu le faire bosser de force dans les usines d’armement de Rhénanie. Se planquer à dix kilomètres de la capitale de la Collaboration, il fallait oser mais c’est dans l’œil du cyclone qu’on est le plus à l’abri.
Toujours est-il que ce château de Randan, illustré sur la pochette intérieure du disque de Jack Dupon, est source de mystère et de crainte. Construit au 13e siècle, redessiné au 16e, il a fini détruit non pas par les révolutionnaires de 1789 mais par un bête incendie en 1925. Depuis, sa silhouette délabrée entourée par d’immenses cheminées lui donne un aspect arachnéen, propice à toutes les peurs. L’album de Jack Dupon n’est pas à proprement dit un disque concept autour de ce château, ses cinq chansons n’ayant pas forcément un lien entre elles. Il y est cependant question de maison détruite (« Broken house »), de bêtes monstrueuses (« The king hedgehog ») ou de créatures fantastiques (« Burst balloon »).
Dans le contenu, nous retrouvons toujours le style progressif nerveux et tendu qui est la marque de fabrique de Jack Dupon, toujours animé par Thomas Larsen (batterie), Gregory Pozzoli (guitare et chant), Arnaud M’Doihoma (basse et chant) et le vétéran Philippe Prebet (guitare et chant). On oscille entre la musique zeuhl des années 70, quelque part entre la grandiloquence de Magma et les facéties de Gong. La scansion quelque peu hachée des paroles est une constante sur tous les morceaux de l’album, sauf pour « Six feet in Randan » puisque c’est un instrumental. Ceci aboutit à très peu détacher les morceaux les uns des autres et crée une certaine homogénéité des chansons, théâtrales dans leur interprétation et anarchiques dans leur composition musicale.
Pour qui connaît les œuvres précédentes de Jack Dupon, on dira que l’effet de surprise est passé et que le groupe commet ici un album peu original par rapport à ses premiers disques. Mais l’atmosphère propre à Jack Dupon demeure ici et l’on peut sans difficultés se laisser entraîner avec plaisir dans son univers peu conventionnel.
François Becquart